Le Chevreuil

La problématique des "dégâts gibier" touche autant le petit gibier (léporidés) que le grand gibier (ongulés et suidés). Les dégâts causés par le petit gibier, soit lièvres et lapins, sont essentiellement d'ordre alimentaire, ceux causés par le grand gibier peuvent être aussi d'origine comportementale.

Laissons de côté le cas du sanglier qui ne concerne que tout ce qui touche à la régénération naturelle, qu'il peut perturber en déterrant les graines levées ou les plants ou qu'il peut aider en enfouissant précisément des fruits qui auraient eu plus difficile de germer sans son intervention.

Il n'est pas très utile de parler des dégâts du cerf pour l'instant en ce que celui-ci est absent (pour le moment) de la zone cynégétique 12 qui représente la partie de la Région wallone se situant au nord du sillon Sambre et Meuse. Ceux-ci (les dégâts) auraient en ce qui les concerne, des causes surtout comportementales (puisque leur préférence alimentaire va aux herbacées) mais pouvant générer des dégâts considérables (voir les pourcentages d'épicéas touchés en Haute Ardenne - cfr données de P. Balleux)

Parlons plutôt du Chevreuil, animal de lisière, en pleine expansion, dont la plus grande partie du régime alimentaire se compose précisément de végétaux ligneux ou semi-ligneux.

Je passerai sur la présentation "physique" du Chevreuil, attendu qu'il ne peut être confondu.

Le but est d'essayer de voir en quoi, il peut représenter une menace relative aux jeunes plantations forestières. A cet égard, il faut distinguer les dégâts comportementaux de ceux qui ont une origine alimentaire.

* D'une part le chevreuil mâle (brocard) , lorsqu'il marque son territoire, a l'habitude de gratter le sol de ses pieds antérieurs (les grattis) et de frotter ses bois sur le tronc des jeunes arbres dont l'écorce est arrachée en lambeaux (les frottis). Ce dernier comportement peut entraîner un retard préjudiciable de développement de la tige, voire entraîner une dégénerescence de celle-ci si les blessures sont trop profondes. Ces comportements peuvent être d'autant plus fréquents que le dérangement qu'ils subissent (particulièrement en période de rut) est important. C'est pourquoi, veiller à leur tranquillité pendant ces périodes pourra limiter ce type de dégâts (d'où l'établissement de zones de quiétude). Cette remarque est également valable pour le Cerf et cette notion de "dérangement" ajoutée à celle de sur-population sont génératrice de graves problèmes dans certains territoires où la pression sur les plantations sera extrème.

* D'autre part, le chevreuil apparaît comme un cueilleur sélectif, recherchant une nourriture riche en éléments facilement digestibles et pauvres en cellulose et en lignine, comme les feuilles, les bourgeons, les inflorescences, les fruits et les jeunes rameaux.

Il a besoin d'une grande variété de plantes représentées surtout par les végétaux ligneux et semi-ligneux comme : chêne, charme, frêne, érable, noisetier, saule, aubépine, ronce, framboisier, lierre, myrtille, ....

Au printemps la végétation herbacée constitue la quasi-totalité de sa nourriture et l'importance des rameaux ligneux augmente avec la saison. Notons que les fruits sauvages (glands, fênes, chataîgnes, pommes...) et les champignons seront également recherchés en automne.

Dans les régions agricoles -avant l'exploitation des parcelles - le chevreuil se nourrira aussi de céréales et de plantes sarclées quel que soit leur stade végétatif. Il peut même établir sa remise dans un vaste champ de maïs......Ces comportements et ces nécessités alimentaires, amèneront le sylviculteur à devoir envisager la protection de ses jeunes plants. Alors protection individuelle ou collective, cela fera l'objet d'un autre débat..... où il faudra mettre en balance l'efficacité et le coût de revient.